L’élaboration d’un programme de formation s’inscrit dans une suite logique d’étapes que tout formateur suit avant d’animer ses cours en classe. A l’accueil des apprenants, lors des premiers contacts apprenant/formateur, les besoins langagiers sont identifiés. Ceux-ci prennent appui sur l’identification des contextes et situations d’utilisation de la langue ainsi que sur les conditions et contraintes des situations de communication auxquelles l’apprenant fait (ou fera) face. Les objectifs d’enseignement seront ensuite retenus et serviront à construire un parcours de formation adapté à l’apprenant.
Les personnes peu ou non scolarisées ne présentent pas toutes les mêmes besoins. Certaines n’ont jamais fréquenté l’école de toute leur vie. Elles sont donc complètement ignorantes de ce qu’est l’écrit. A quoi sert-il chez soi et à l’extérieur ? Où peut-on le retrouver ? Quelles formes présente-t-il ? Que véhicule-t-il comme informations ? Etc. sont les questions que ces apprenants doivent se poser. Le rôle du formateur avec ce public est de le guider vers ces interrogations puis de l’orienter vers les réponses qu’elles suscitent.
D’autres ont été scolarisées mais de façon superficielle. Elles ont donc acquis une certaine familiarité avec l’écrit qui ne leur est pas totalement étranger. Au fur et à mesure de l’avancement des formations, les besoins des uns et des autres s’élargissent pour s’étendre à la lecture/écriture proprement dite.
Des premiers pas dans l’univers de l’écrit vers la compétence linguistique de niveau A1.1[1], la compétence écrite attendue des apprenants peu ou non scolarisés est décrite par le Référentiel du niveau A1.1[2]. Ses descripteurs sont les suivants :
1. En réception écrite (pages 42-43)
– Peut reconnaître des noms, des mots ou expressions les plus courants dans les situations ordinaires de la vie quotidienne (signalétique, indications manuscrites (doublées d’icônes), prix, horaires…).
– Peut, dans un texte court, repérer et comprendre des données chiffrées, des noms propres et d’autres informations visuellement saillantes.
– Peut identifier globalement (à leur aspect, leur typographie, leur localisation…) la fonction de certains textes ordinaires de l’environnement quotidien ou du milieu scolaire et anticiper partiellement sur leur contenu possible.
2. En production écrite (page 49)
– Peut recopier des mots ou des messages brefs, écrire des chiffres et des dates…
– Peut reconnaître différentes formes de graphie : caractères imprimés, scripts, majuscules, graphies manuscrites lisibles, peu lisibles…
– Peut donner des informations relatives à son identité, état civil… telles que : nom, nationalité, adresse, âge, date de naissance, situation de famille… (dans des questionnaires, ou des formulaires, de type administratif, en particulier.)
– Peut transcrire sous la dictée ou en autodictée des écrits courts (mots, adresses, chiffres, mots…) avec une transcription phonétique suffisante mais dont l’orthographe peut être défaillante. Ces écrits sont destinés à sa propre relecture.
3. En interaction écrite (page 49)
– Peut écrire un message informatif simple relatif aux activités de la vie quotidienne (par ex. message, vœux…), comportant éventuellement aussi quelques détails personnels (pour la correspondance).
Plus concrètement, cette compétence s’étale sur un continuum que nous pouvons représenter par des descripteurs plus précis et plus parlants :
■ Les descripteurs de compétences en compréhension écrite (pages 171-177)
■ Les descripteurs de compétences en production écrite (172-177)
Cette description délimite les contours des deux principales aptitudes que doivent développer les publics non lecteurs/non scripteurs ou maîtrisant faiblement la compétence écrite. La rédaction des objectifs et des programmes des formations est associée à chacune d’elles.
[1] Le niveau A1.1 a été créé pour les publics adultes peu francophones, scolarisés, peu ou non scolarisés.
[2] BEACCO, J.-C., de FERRARI, M., LHOTE, G., TAGLIANTE, C., (2005), Niveau A1.1 pour le français (Publics adultes peu francophones, scolarisés, peu ou non scolarisés) : référentiel et certification (DILF) pour les premiers acquis en français, Paris, Didier.
[3] Ces descripteurs peuvent être regroupés pour former trois paliers : palier 1 (descripteurs 1 à 4), palier 2 (descripteurs 5 à 8) et palier 3 (les 3 derniers descripteurs).
[4] Palier 1 (descripteurs 1 et 2), palier 2 (descripteurs 3 à 5) et palier 3 (descripteurs 6 et 7).