Discriminer est un acte qui prend un sens différent selon le contexte. Au sens propre du terme, discrimination signifie ‘’séparation, différenciation ». C’est un travail automatique chez l’être humain pour simplifier la compréhension de l’environnement et qui peut être neutre en soi (comme les qualificatifs grand et petit, chaud et froid, on peut discriminer aussi des nombres en mathématiques, discriminer des biens en économie, etc…).
Les discriminations intersectionnelles sont croisées
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Les discriminations sont des traitements injustes, des préjugés et des exclusions subis par certaines personnes ou groupes en raison de leur appartenance à une catégorie sociale donnée, tels que leur genre, leur orientation sexuelle, leur origine ethnique, leur religion, leur handicap, leur âge, etc. Les discriminations peuvent être directes ou indirectes, intentionnelles ou non, mais elles ont toutes pour effet de limiter les opportunités, les droits et les libertés des personnes qui en sont victimes.
Les discriminations intersectionnelles sont un type particulier de discriminations qui affectent les personnes qui cumulent plusieurs caractéristiques sociales qui sont discriminées. Par exemple, une femme noire peut être victime à la fois de discriminations liées à son genre et à sa couleur de peau, et cela peut avoir des effets cumulatifs sur sa vie et ses perspectives. Les discriminations intersectionnelles sont donc souvent plus complexes et difficiles à reconnaître et à combattre que les discriminations simples.
Le Conseil de l’Europe, qui est une organisation internationale de défense des droits de l’homme, a développé des outils pour aider à lutter contre les discriminations, y compris les discriminations intersectionnelles. Ces outils comprennent des conventions, des chartes, des recommandations et des programmes d’action qui visent à promouvoir l’égalité, la diversité et l’inclusion dans toutes les sphères de la vie sociale.
Greta Bauer est une chercheuse canadienne qui a développé un outil pédagogique appelé la « roue des privilèges » pour aider les gens à prendre conscience de leurs propres privilèges et des inégalités structurelles qui existent dans la société. La roue des privilèges est un cercle divisé en segments qui représentent différents aspects de l’identité et de l’expérience sociale, tels que la race, le genre, la sexualité, la classe sociale, etc. Chaque segment est associé à des privilèges ou des désavantages qui sont attribués aux personnes en fonction de ces caractéristiques. La roue des privilèges est un outil puissant pour sensibiliser les gens aux discriminations et aux inégalités qui existent dans la société, et pour les aider à devenir des alliés dans la lutte pour l’égalité.
Voici une bibliographie en français pour approfondir le sujet :
Une discrimination est une inégalité de traitement fondée sur un critère interdit par la loi (sexe, âge, état de santé…) et dans un domaine cité par la loi (accès à un service, embauche…). A ce jour, 20 critères prohibés de discrimination sont fixés par la loi. Ainsi, traiter autrement une personne en raison de ses origines, son sexe, son âge, son état de santé, ses opinions est interdit par la loi et les conventions internationales approuvées par la France.
Discrimination directe :
Un traitement de manière moins favorable qu’une autre personne dans une situation comparable.
« Constitue une discrimination directe la situation dans laquelle, sur le fondement de son appartenance ou de sa non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie ou une race, sa religion, ses convictions, son âge, son handicap, son orientation ou identité sexuelle, son sexe ou son lieu de résidence, une personne est traitée de manière moins favorable qu’une autre ne l’est, ne l’a été ou ne l’aura été dans une situation comparable. »
(Source : Loi n° 2008-496 du 27 mai 2008)
Discrimination indirecte :
Une disposition, un critère ou une pratique neutre en apparence, mais susceptible d’entraîner un désavantage particulier pour des personnes par rapport à d’autres personnes.
Constitue une discrimination indirecte une disposition, un critère ou une pratique neutre en apparence, mais susceptible d’entraîner un désavantage particulier pour des personnes par rapport à d’autres personnes, à moins que cette disposition, ce critère ou cette pratique ne soit objectivement justifié par un but légitime et que les moyens pour réaliser ce but ne soient nécessaires et appropriés. »
(Source : Loi n° 2008-496 du 27 mai 2008)
Une discrimination est indirecte, quand des mesures apparemment neutres défavorisent, de fait, de façon importante, une catégorie de personnes.
Par exemple : Un employeur décide d’accorder des primes aux salariés qui feront des heures supplémentaires à partir de 16h. Cette mesure apparemment neutre, défavorise directement les salariés qui ont à leur charge des enfants.
La liste de ces critères a plusieurs sources. D’une part, les conventions internationales et textes européens définissent un socle de critères fondés sur les caractéristiques de la personne. D’autre part, le législateur français a ajouté des critères spécifiques, certains se référant à des motifs classiques (nation, patronyme, apparence physique) alors que d’autres traitent de situations spécifiques (lieu de résidence, perte d’autonomie, etc…).
Liste des critères / Exemples de situation
CRITERES | EXEMPLE |
Age | On m’a refusé un crédit à la consommation en raison de mon âge. |
Sexe | En tant que femme, je gagne moins que mon collègue masculin qui exerce un travail comparable. |
Origine | Je n’ai pas été embauché à cause de mes origines maghrébines. |
Appartenance ou non-appartenance, vraie ou supposée à une ethnie, une nation ou une prétendue race | On a refusé de me louer une place de camping parce que je suis étranger. |
Grossesse | Je n’ai pas retrouvé mon poste à mon retour de congé maternité. |
Etat de santé | On m’a refusé le renouvellement de mon contrat parce que j’étais en arrêt maladie. |
Handicap | On me refuse la participation à une sortie d’école en raison de mon handicap. |
Caractéristiques génétiques | On a voulu me soumettre à des tests génétiques dans le cadre de l’examen médical préalable à mon embauche. |
Orientation sexuelle | On a refusé de me louer une salle pour mon mariage car je suis homosexuelle. |
Identité de genre | Je suis une femme transgenre et mon employeur refuse de modifier mes fiches de paye. |
Opinions politiques | La mairie a refusé de me louer une salle en raison de mes opinions politiques. |
Activités syndicales | Ma carrière n’a pas connu d’évolution depuis que je me suis présenté comme délégué syndical |
Opinions philosophiques | Ma caisse de retraite refuse de prendre en compte les trimestres accomplis pendant mon service national car j’étais objecteur de conscience |
Croyances ou appartenance ou non-appartenance, vraie ou supposée, à une religion déterminée | On m’a refusé l’accès à une salle de sport à cause de mon voile. |
CRITÈRES | EXEMPLES |
Situation de famille | On m’a refusé une location d’appartement parce que je suis une mère isolée. |
Apparence physique | On m’a refusé un emploi parce que je suis obèse |
Patronyme | On m’a refusé un entretien d’embauche en raison de mon nom à consonance étrangère. |
Mœurs | On m’a refusé un emploi parce que je suis fumeur. |
Lieu de résidence | On m’a refusé un chèque parce que j’habite dans un département voisin. |
Perte d’autonomie | Mon père, hébergé en EHPAD, se plaint de ne pas avoir accès à ses lunettes |
Particulière vulnérabilité résultant de la situation économique. | On m’a refusé l’ouverture d’un compte bancaire parce que je suis domicilié dans une association. |
Capacité à s’exprimer dans une langue autre que le français | Ce critère peut faire l’objet de plusieurs interprétations très distinctes. Les tribunaux indiqueront celle qu’il convient de retenir. |
Domiciliation bancaire | On a refusé la caution de mes parents parce qu’ils sont domiciliés outre-mer. |
C’est la loi qui précise les situations dans lesquelles il est interdit discriminer selon les critères précédemment définis.
Ces situations concernent :
Des exemples de discriminations :
Au fil du temps, le législateur a choisi d’assimiler certaines situations à des discriminations. Dans ces hypothèses, listées ci-après, doivent être caractérisées des circonstances de fait sans qu’il soit nécessaire de faire expressément référence à un critère particulier :
A ce jour, la loi reconnait plus de 25 critères de discrimination. Ainsi, défavoriser une personne en raison de ses origines, son sexe, son âge, son handicap, ses opinions… est interdit par la loi et les conventions internationales auxquelles adhère la France.
Exemple : Une règle défavorisant les salariés à temps partiel peut constituer une discrimination indirecte fondée sur le sexe, puisque statistiquement une nette majorité des salariés à temps partiel sont des femmes.
Par ailleurs, une discrimination peut prendre la forme d’un harcèlement fondé sur un des critères définis par la loi.
Exemple : Des collègues ou supérieurs traitent mal ou dénigrent constamment un salarié en raison de son origine, son handicap, son orientation sexuelle…
Est également considérée comme une discrimination -fondée sur le critère du sexe- le harcèlement sexuel, « constitué par des propos ou comportements à connotation sexuelle répétés qui portent atteinte à la dignité et tout comportement, même non répété, qui constitue une pression grave dans le but réel ou apparent d’obtenir une acte de nature sexuelle. »
L’incitation à la discrimination et l’instruction donnée de discriminer sur le fondement d’un critère défini par la loi (par ex : ordre donné à un cabinet de recrutement d’écarter les candidatures en raison de l’âge, de l’origine, de l’adresse…) constituent également des discriminations.
Enfin, la loi protège contre toutes les mesures de représailles ou de rétorsion les personnes qui se sont plaintes de discriminations interdites par la loi ou celles qui en ont été témoins.
Au sens juridique une discrimination est un traitement inégal et défavorable appliqué à certaines personnes en raison de critères prohibés et dans un domaine visé par la loi.
Et pour être considérée comme discriminatoire, la distinction doit donc concerner un des domaines pré-cités : l’accès à l’emploi, l’accès au logement, l’accès aux biens et services, l’éducation et la formation.
Rappelons que la discrimination juridiquement répréhensible possède plusieurs formes : une forme directe et une forme indirecte.
La discrimination peut prendre la forme d’un harcèlement discriminatoire : c’est un comportement qui a pour objet ou pour effet de porter atteinte à la dignité d’une personne lorsque ce comportement est lié à un des critères prohibés. L’effet peut aussi être de créer un environnement intimidant, dégradant, humiliant…
Enfin, la discrimination punie par la loi peut aussi avoir l’aspect de rétorsion, lorsqu’une personne fait l’objet d’une mesure discriminatoire pour s’être plainte de discrimination ou pour avoir témoigné sur de tels faits. Ou encore d’injonction lorsqu’il est demandé à quelqu’un d’avoir un comportement discriminatoire.
dans les 5 cas précédents, la discrimination est punie par la loi : c’est un délit !
En revanche, il existe les discriminations admises par la loi : celle justifiée par une caractéristique particulière (être une femme par exemple pour un défilé de robes de mariée, comme on en parlera plus loin) ou encore légale (comme être français pour exercer un métier dans l’armée française).
Il y a donc bien lieu de différencier les idéologies comme le racisme, le sexisme, l’homophobie (qui sont des systèmes de théories et de croyances individuelles ou collectives sous forme de pensée ou de propos mais sans acte réel) d’une discrimination qui est un acte posé.
Elle corrige dans les pratiques les « déficiences de nos principes d’égalité ». Elle s’apparente à un ensemble de dispositifs, mis en œuvre par l’Etat, visant à favoriser l’accès de personnes appartenant à des catégories dont des membres subiraient ou auraient subi des discriminations, à certaines ressources sociales. On peut donner les exemples suivants : les Réseaux d’Education Prioritaires, les allocations parents isolés ou les allocations pour le logement.
« (Un) dispositif (c’est) tout ce qui a, d’une manière ou d’une autre, la capacité de capturer, d’orienter, de déterminer, d’intercepter, de modeler, de contrôler et d’assurer les gestes, les conduites, les opinions et les discours des êtres vivants ».
Cette citation de Giorgio Agamben, philosophe italien, montre qu’il y a une volonté de modifier les habitudes et les comportements des individus à travers les dispositifs publics. Le dispositif de discrimination positive s’inscrit dans une politique publique qui établit un programme d’action gouvernemental.
Les dispositifs de discrimination positive se sont développés à partir des années 1980, lorsque les politiques globales d’égalisation des chances se sont avérées impuissantes. En effet, les inégalités scolaires persistent, malgré la démocratisation de l’accès à l’école à travers le développement des infrastructures et de l’enseignement.
Donc, « il s’agit d’une différenciation de traitement inscrite dans les textes législatifs ou réglementaires, dont l’objectif est de favoriser une ou plusieurs catégories spécifiques de personnes afin de compenser des inégalités préexistantes et pérennisées dans le temps, qui affectent ces groupes au regard des normes sociales en vigueur ».
Sans prétendre à l’exhaustivité, on peut distinguer
Par exemple, il peut s’agir d’une imposition de quotas dans le recrutement. Cette action vise à améliorer la représentation du groupe discriminé dans la société.
La discrimination positive permet de promouvoir l’égalité des chances à travers notamment : le recrutement des femmes dans des professions dites « masculines » ; le recrutement de personnes handicapées dans les entreprises ; le recrutement de personnes issues de quartiers dits défavorisés ; ou le recrutement de boursiers dans de grandes écoles. En conséquence, elle réduit l’inégalité des positions à terme.
Cependant, ces dispositifs peuvent être parfois inefficaces. C’est le cas de la loi sur la parité sur les listes électorales : malgré la mise en place du dispositif, les femmes sont souvent à des places inéligibles et par conséquent ne sont pas plus qu’avant représentées dans le paysage politique.
La deuxième caractéristique est le sentiment d’injustice. Ce dernier est d’ailleurs le corollaire du traitement préférentiel. Car, si l’un des effets attendus de la discrimination positive est de produire de la cohésion sociale, en réduisant le sentiment d’injustice subi par les bénéficiaires, force est de constater qu’une injustice peut être ressentie de la part des non-bénéficiaires de ces dispositifs de lutte contre les inégalités. Le principe républicain de l’égalité des traitements des individus est alors mis de côté. De plus, cela remet en cause le principe de méritocratie. Par conséquent, peut se manifester une non-reconnaissance de la position acquise par l’intermédiaire de quotas : par exemple, le fait que soit recrutée une personne non pas pour ses compétences mais parce qu’elle est une femme ou une personne issue de la diversité.
« Le paradoxe de ces politiques c’est que toute discrimination positive constitue de ce fait une discrimination négative à l’égard de quelqu’un d’autre ». Ceci peut déclencher des comportements de stigmatisation envers les individus bénéficiant d’aide. Elle peut être de deux ordres :
D’une part, la situation d’assistance sépare les individus qui bénéficient d’une aide, de l’ensemble de la société. Serait alors favorisé une citoyenneté de seconde zone qui engendrerait à terme une baisse de leurs droits et avantages sociaux. De plus, cette situation se doublerait d’une stigmatisation qui altère les possibilités d’intégration et d’insertion professionnelle et sociale. Par conséquent, il y a un risque de protection au rabais et d’assistance à l’égard des groupes sociaux défavorisés.
D’autres part, une stigmatisation qui se manifeste par l’expression couramment utilisée : les « profiteurs ». Ce qui est pointé du doigt ici, c’est le fait que les individus seraient dans une optique de continuer à toucher des avantages alors que leur situation se serait améliorée. Cette vision pousse à dévaloriser le statut des personnes bénéficiant d’une aide.
Cependant, il semble que certains dispositifs aient adoptés un caractère permanent. Par exemple : Le Réseau d’Education Prioritaire est significatif : il s’agit d’une répartition géographique volontairement inégalitaire des moyens ; autre exemple la loi relative à la Solidarité et au Renouvellement Urbain, qui « impose » en principe aux municipalités de construire l’équivalent de 20% de logements sociaux.
Cette apparente permanence n’est pourtant pas le signe d’un échec des dispositifs « dans la mesure où les catégories concernées ont un statut transitoire vis-à-vis des politiques préférentielles : les jeunes de moins de 25 ans, les chômeurs, les élèves issus de familles défavorisées ».
Elle permet de saisir les conduites collectives d’acteurs à travers la constitution d’un groupe d’une dizaine de personnes qui sont amenées à se rencontrer et à débattre à propos de situations de discrimination. Cette théorie repose sur la capacité d’analyse et d’interprétation des acteurs pour appréhender les situations de discrimination dont ils ont fait l’expérience.
Pour que ces séances de débats soient fructueuses, il faut inviter des interlocuteurs différents qui sont positionnés sur les questions de discriminations. Cette confrontation permet de faire avancer la réflexion des acteurs.
Cependant, cette première étape est insuffisante pour faire bouger les stéréotypes et les représentations. Par exemple, dans certaines régions multiculturelles, on observe qu’un contact prolongé entre des groupes en conflits peut exacerber les tensions plutôt que de les apaiser. On peut donc réfuter l’« hypothèse du contact ».
Donc, ce qu’il faut saisir ici, c’est qu’au-delà de l’échange entre les différentes parties, il faut que s’instaure une coopération. Ce n’est pas seulement le fait de côtoyer l’autre qui permet de lutter contre les discriminations mais plutôt celui d’agir avec lui. On pourrait penser à la mise en place d’un projet commun ou à la résolution d’un problème.
Il lutte contre les discriminations et favorise l’accès aux droits des victimes de tels faits.
Vous pouvez vous adresser au Défenseur des droits si vous estimez avoir été victime d’une discrimination. L’auteur présumé de cette discrimination peut être une personne physique (un individu) ou morale (une association, une société…), une personne privée (une entreprise) ou publique (un service de l’État, une collectivité territoriale, un service public hospitalier).
Le Défenseur des droits peut également se saisir d’office lorsqu’il estime que son intervention est nécessaire.
Le déroulement de la procédure juridique en matière de discrimination diffère selon la suite qui lui est réservée :
La voie pénale vise à sanctionner l’auteur d’une discrimination prohibée par la loi, par exemple par une peine de prison, une amende, ou d’autres peines complémentaires…
A l’issue de la plainte de la victime ou de la dénonciation des faits, les services de police ou de gendarmerie procèdent à l’enquête sous l’autorité du procureur de la République. S’il existe suffisamment de preuves à l’issue de celle-ci, le procureur peut décider de poursuivre l’auteur de la discrimination devant le tribunal compétent. La personne poursuivie est présumée innocente jusqu’à ce que la juridiction se prononce sur sa culpabilité. Il incombe au procureur de la République, à la victime et/ou à la personne qui la défend (avocat, association) de démontrer l’intention discriminatoire de l’auteur des faits.
Les juridictions statuant en matière pénale sont :
La voie civile vise à obtenir réparation du préjudice subi par la victime, notamment des dommages et intérêts.
En matière civile, le mécanisme retenu pour prouver qu’il y a eu discrimination est « le renversement de la charge de la preuve ». (loi n° 2008-496 du 27 mai 2008) Cela signifie que le demandeur (la victime) doit réunir des éléments matériels laissant présumer d’une discrimination (modification de contrats, mails, attestations…). Il incombe par la suite au défendeur (personne mise en cause) d’établir que la différence de traitement se justifie par des éléments objectifs non discriminatoires.
Les juridictions statuant en matière civile sont le tribunal de grande instance ou d’instance, le conseil de prud’hommes mais également les juridictions administratives.
(Sources Mooc Fun Université LCD)
La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées ainsi que la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées, ratifiée par la France en 2010, posent le cadre de l’égal accès des personnes handicapées aux droits et libertés ouverts à tous. La Convention internationale relative aux droits de l’enfant évoque également dans son article 23 la question du handicap.
Ces textes affirment l’égalité de traitement à l’égard des personnes handicapées, quel que soit le type de handicap, ainsi que la nécessité, par une approche inclusive, de garantir leur pleine participation à la vie sociale, culturelle, économique, etc.
De réelles avancées peuvent d’ailleurs être constatées dans ce sens. Néanmoins, les réclamations invoquant une discrimination fondée sur le handicap et l’état de santé qui sont adressées au Défenseur des droits permettent également de mesurer le chemin qu’il reste encore à parcourir pour garantir l’égalité de traitement à l’égard des personnes handicapées.
La loi du 11 février 2005 définit le handicap comme « toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant ». Cette définition étend les dispositifs de lutte contre les discriminations liées au handicap aux personnes souffrant de pathologies invalidantes.
Le handicap et l’état de santé représentent le premier motif de discrimination dont le Défenseur des droits a été saisi en 2014 : l’ensemble de ces 2 critères représente 34,1% des réclamations pour discrimination. L’emploi est le premier domaine concerné par ces réclamations. Les questions liées à l’accessibilité sont également récurrentes.
Le Défenseur des droits est par ailleurs chargé du suivi de la mise en œuvre de la Convention relative aux droits des personnes handicapées, en lien avec le Conseil national consultatif des personnes handicapées.
(source : Défenseur des droits)
Facteur essentiel d’insertion et de cohésion sociale, le logement est un secteur où les inégalités se sont accrues au cours des 20 dernières années.
Facteur essentiel d’insertion et de cohé-sion sociale, le logement est un secteur où les inégalités se sont accrues au cours des 20 dernières années.L’insuffisance de logements à coût abordable dans les zones situées à proximité des emplois et des services, contraint un nombre croissant de ménages à des dépenses de logement plus lourdes, à s’éloigner de leur lieu de travail, parfois à renoncer à changer de logement au prix d’une dégradation de leurs condi-tions de logement, ou même à refuser un emploi en raison d’un déménagement générateur de coûts supplémentaires. Ces évolutions pénalisent en premier lieu les plus vulnérables, confrontés au mal-logement et en demande croissante d’héber-gement faute de pouvoir accéder à un logement, et les jeunes, en retardant leur accès à une vie autonome.les risques discriminatoires, qui se manifestent surtout lors de l’accès au logement, aggravent les inégalités pour ceux qui les subissent, notamment en raison de leur origine, de leur handi-cap, de leur situation familiale ou de leur âge. Leur impact peut en outre affecter leur parcours résidentiel en les maintenant durablement dans des conditions de logement insatisfaisantes, en termes d’adaptation à leurs besoins, de qualité du logement et/ou de son environnement et de statut d’occupation.
Rapport d’observation : démantèlement des campements et prise en charge des exilés
Ressources pédagogiques pour comprendre les droits
En formation outils de simulation dans notre immeuble, cultionary
etudesresultats-acces_a_lemploi_et_discriminations_liees_aux_origines-
guide_furet_oriv_petite_enfance_discriminations
Prevenir lutter contre discriminations
o Et si … – Scénarios contre les discriminations (CRIPS)
o Chamallow (Handimaine)
o Le gros Lucas – (CRIPS)
Un site du gouvernement permet au travers de courtes séquences vidéo, d’être conscient des préjugés
Un site de production de données dans tous les domaines y compris sur les discriminations
Sites de l’éducation nationale :
http://education.gouv.fr
http://www.education.gouv.fr/pid25690/l-egalite-des-chances.html
http://eduscol.education.fr
http://eduscol.education.fr/pid23261/lutte-contre-les-discriminations.html
http://eduscol.education.fr/cid47746/prevention-des-discriminations.html
http://eduscol.education.fr/D0157/racisme-accueil.htm
http://eduscol.education.fr/D0157/faitreligieux-accueil.htm
http://eduscol.education.fr/cid50566/lutter-contre-l-homophobie.html
http://eduscol.education.fr/D0234/accueil.htm (Egalité Filles/Garçons)
http://eduscol.education.fr/D0186/accueil.htm (Handicap)
Le site du Défenseur des droits regroupe les missions du Médiateur de la République, de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité, de la Defenseure des enfants et de la Commission nationale de déontologie de la sécurité. On y trouve ses missions, les modalités de saisine et des modules d’e-learning excellents sur la promotion de l’égalité au quotidien et en entreprise, et l’éducation
EDUSCOL et ses fiches pédagogiques sur l’enseignement de l’Education Moral et Civique
MENDUINA-GORDON Eva, PIDERI Vanessa, ROBERT DE MASSY Béatrice, Cadre pour agir et
rendre compte (CARC) relatif au logement privé, Paris, Le Défenseur des Droits, 2012, 39 p.
TISSOT Sylvie, Logement social, une discrimination en douce, in Plein Droit, n°68, avril 2006.
Groupe d’initiatives pour l’intégration dans la ville, volet logement (GIPIV logement), Propositions
relatives à la lutte contre la discrimination dans l’accès au logement, Ville de Lyon, 2006, 41p.
www.vie-publique.fr/documents-vp/rapport_discriminations_cnh.pdf
PRUD’HOMME Nicole, Accès au logement, droits et réalités: rapport, Paris, Conseil économique
et social (CES), 2004, 195 p.
SIMON Patrick, « Le logement social en France et la gestion des « populations à risques » », in
Hommes et Migrations, 1246, novembre-décembre 2003, p.76-91.
http://www.hommes-et-migrations.fr/docannexe/file/1246/1246_09.pdf
GELD, SIMON Patrick, KIRSZBAUM Thomas, CHAFI Malika, TISSOT, Sylvie, Les discriminations
raciales et ethniques dans l’accès au logement social, GELD – La documentation française, Paris,
mai 2001, 70p.
Cette synthèse des travaux du groupe de travail constitué au sein du Geld dénonce des traitements
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/docfra/rapport_telechargement/var/storage/rapports-
publics/014000437/0000.pdf
Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), La lutte contre le racisme,
l’antisémitisme et la xénophobie, 2012, Paris, Documentation française (La), 2012, 504 p.
La Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) révèle une montée de
l’intolérance en France sur trois années consécutives, comme si le phénomène s’ancrait dans la
durée.
http://www.cncdh.fr/sites/default/files/cncdh_racisme_02_basse_def.pdf
PAN KE SHON Jean-Louis, Discrimination au logement et ségrégation ethno-raciale en France,
Saint-Denis, Profession Banlieue, mars 2011, 12 p.
http://www.professionbanlieue.org/f1584_Jean_Louis_Pan_Ke_Shon_em_Discrimination_au_logeme
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Comité National d’Action Sociale (CNAS), Les discriminations : des concepts… aux réalités : Une
approche transversale – Colloque des 8 et 9 décembre 2006, Paris, CNAS, 2007, 114 p.
http://www.cnas-icsw.org/sources/colloques/colloque2006.pdf
ROBERT Christophe, La crise du logement… Discriminations et ségrégations territoriales, Saint-
Denis, Profession Banlieue, 2007, 8 p. (Les après-midi, n° 8)
http://www.professionbanlieue.org/f64_Christophe_Robert_em_La_crise_du_logement_Discrimination
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CHIGNIER-RIBOULON Franck, Laboratoire Ceramac, Les discriminations quant à l’accès au
logement locatif privé des catégories sociales moyennes étrangères ou perçues comme
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SIMON Patrick, Les discriminations ethniques dans la société française, Paris, IHESI, Etudes et
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Haut Conseil à l’intégration (HCI), Lutte contre les discriminations : faire respecter le principe
d’égalité, Paris, Documentation française (La), 1998, 127 p.
A
Ageïsme : Forme de discrimination basée sur l’âge, notamment envers les personnes âgées ou les jeunes.
Ablisme : Discrimination envers les personnes en situation de handicap, basée sur des préjugés ou des stéréotypes liés au handicap.
B
Biphobie : Préjugés, discriminations ou hostilité envers les personnes bisexuelles ou la bisexualité.
C
Cisgenre : Personne dont l’identité de genre correspond au sexe assigné à la naissance.
Classisme : Discrimination basée sur le statut social ou le niveau de richesse d’une personne.
D
Discrimination : Traitement injuste ou inégal envers une personne ou un groupe de personnes en raison de caractéristiques particulières telles que le sexe, l’origine ethnique, la religion, etc.
E
Educatisme : Forme de discrimination basée sur le niveau d’éducation ou le niveau d’instruction d’une personne.
F
Féminicide : Meurtre d’une femme ou d’une fille en raison de son genre, souvent motivé par le sexisme, la misogynie ou les inégalités de pouvoir entre les sexes.
G
Genre : Ensemble de rôles sociaux, comportements, activités et attributs socialement construits associés à un sexe donné dans une culture donnée.
H
Hétéronormativité : Présomption selon laquelle l’hétérosexualité est la norme ou la seule orientation sexuelle valide.
I
Islamophobie : Préjugés, discriminations ou hostilité envers l’islam ou les musulmans.
Intersectionnalité : Concept théorique selon lequel les formes multiples de discrimination (comme le racisme, le sexisme, l’homophobie, etc.) interagissent ou se chevauchent, créant ainsi des expériences uniques de marginalisation ou de privilège.
J
Judeophobie : Préjugés, discriminations ou hostilité envers le judaïsme ou les Juifs.
L
LGBTQIA+ : Acronyme désignant les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, queer, intersexes, asexuelles et d’autres identités ou orientations sexuelles et de genre non hétéronormatives.
M
Misogynie : Préjugés, discrimination ou hostilité envers les femmes ou les filles, souvent basés sur des attitudes sexistes ou patriarcales.
N
Népotisme : Pratique consistant à favoriser les membres de sa propre famille ou son cercle social restreint, souvent au détriment d’autres personnes plus qualifiées ou méritantes.
O
Orientophobie : Préjugés, discriminations ou hostilité envers les personnes originaires ou perçues comme étant d’origine asiatique ou orientale.
P
Privilege : Avantages ou bénéfices sociaux, économiques ou politiques accordés à certaines personnes ou groupes en raison de leur appartenance à des catégories socialement dominantes ou privilégiées.
R
Racisme : Préjugés, discrimination ou hostilité envers les personnes ou les groupes racialisés, souvent basés sur des conceptions de supériorité ou d’infériorité raciale.
S
Sexisme : Préjugés, discrimination ou hostilité envers les personnes en raison de leur sexe ou de leur genre, favorisant souvent les hommes au détriment des femmes.
T
Transphobie : Préjugés, discrimination ou hostilité envers les personnes transgenres ou non conformes au genre, souvent basés sur des conceptions binaires et essentialistes du genre.
U
Validisme : Discrimination envers les personnes en situation de handicap, basée sur des attitudes, des pratiques ou des systèmes qui favorisent les personnes non handicapées au détriment des personnes handicapées.
reprise par thématiques :
Intersectionnalité : Le concept selon lequel les identités sociales et les expériences individuelles sont façonnées par l’interaction de multiples facteurs de discrimination, tels que la race, le sexe, la classe sociale, l’orientation sexuelle, le handicap, etc.
Actes et comportements discriminatoires
Actes ou comportements consistant, en raison d’un critère interdit par la loi, à traiter de
manière moins favorable des personnes pourtant placées dans les mêmes situations
Nous avons quitté le registre des pensées ou des opinions, et nous sommes là sur le terrain
des actes discriminatoires, qui sont réprimés par la loi.
Catégorisation, catégorie
La catégorisation consiste à découper le monde environnant en catégories –c’est-à-dire
en ensemble de personnes ou de choses de même nature- à partir de leurs caractéristiques.
Elle sert à classer les informations que nous recevons et nous est indispensable pour simplifier
et comprendre le la réalité.
Elle est normale et automatique : par exemple, dans un contexte d’établissement scolaire, un
élève va automatiquement identifier un adulte à partir des informations dont il dispose (âge,
vêtements, langage…), et il va le classer dans sa catégorie personnelle ‘enseignants /
personnels scolaires’, en une fraction de seconde.
Exemples de catégories : ‘ les’ Français, ‘les’ Chinois, les’ handicapés, les ‘jeunes’, les filles,
les garçons, ‘les’ Noirs, ‘les’ Arabes, etc.
Coming out
Révélation volontaire de son homosexualité ; contraire de ‘outing’: dévoiler l’orientation
sexuelle d’une personne sans son consentement.
Discrimination
La discrimination consiste, en raison d’un critère interdit par la loi, à traiter de manière
moins favorable des personnes pourtant placées dans les mêmes situations.
Doctrine
Ensemble de croyances, d’idées et de théories propres à une école ou à un système
philosophique.
Harcèlement discriminatoire
Comportement qui a pour objet ou pour effet de porter atteinte à la dignité d’une personne
et de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant ; le
harcèlement est discriminatoire lorsqu’il est lié à un critère prohibé.
Homophobie
Rejet de l’homosexualité et des personnes homosexuelles, ainsi que toute manifestation de
discrimination, d’exclusion ou de violence, écrite, verbale ou physique, à l’encontre de
personnes en raison de leur homosexualité réelle ou supposée. L’homophobie est une forme
particulière de sexisme.
Homosexualité
Attirance affective et/ou sexuelle entre deux personnes de même sexe.
Idéologie
Ensemble de croyances, d’idées et de théories.
Intérioriser
Faire siennes des opinions, des règles de conduite extérieures.
Identité de genre
Conviction intime d’un être humain d’être de tel ou tel genre, féminin ou masculin (être un
homme ou une femme), qui peut aller jusqu’à la conviction d’appartenir au sexe opposé à celui
de sa naissance. L’identité de genre est à distinguer de l’orientation sexuelle.
Genre : terme indiquant comment un individu se définit lui-même dans la répartition des rôles
masculins ou féminins dans une société donnée, à un moment donné.
Lesbiennes
Femmes homosexuelles
Lesbophobie
Rejet de l’orientation sexuelle des personnes lesbiennes, ainsi que toute manifestation de
discrimination, d’exclusion ou de violence, écrite, verbale ou physique, en raison de leur
homosexualité réelle ou supposée, mais aussi de leur statut de femmes.
Le terme ‘lesbophobie’ est de plus en plus utilisé à la place du terme général d’homophobie,
dans le souci de marquer la double discrimination (homophobie et sexisme) qui vise les
personnes lesbiennes.
Mœurs
Habitudes de vie.
Orientation sexuelle
Elle se caractérise par l’attirance qu’un individu éprouve pour les autres, de sexe différent ou
de même sexe.
– Généralement définie sous les termes : ‘hétérosexualité’, ‘homosexualité’, ‘bisexualité’;
– et s’agissant des personnes : ‘hétérosexuel(le)’, ‘homosexuel(le)’, ‘ bisexuelle(le)’ »
Patronyme
Nom de famille, par extension peut désigner le prénom.
Racisme
Idéologie dépourvue de fondement scientifique fondée sur l’idée qu’il existe des différences
biologiques essentielles entre êtres humains en fonction de leur origine qui permettent
l’identification de plusieurs races humaines et leur hiérarchisation.
Inspiré par la crainte du métissage et la volonté de préserver une soi-disant « pureté » de la
lignée, le terme désigne plus largement toute attitude de rejet et d’hostilité systématique liée à
l’origine, la religion, la culture, l’apparence physique, le patronyme. La force de cette idéologie
réside dans sa capacité à toujours absorber de nouveaux motifs pour justifier la peur d’autrui et
le désir de l’agresser.
Rétorsion
Se produit lorsqu’une personne fait l’objet d’une sanction ou d’une mesure discriminatoire
pour s’être plainte de discrimination ou pour avoir témoigné sur de tels faits.
Sexisme
Idéologie qui érige la différence sexuelle en différence fondamentale déterminant un jugement
sur l’intelligence, les compétences et les comportements.
La prétendue supériorité des hommes sert à justifier l’infériorisation et la discrimination à
l’égard des femmes.
Subordonner
Mettre sous l’autorité de quelqu’un d’autre; faire dépendre.
Stéréotype
Un stéréotype c’est une pensée simplificatrice, une « formule toute faite ».
Xénophobie
Sentiment d’hostilité à l’égard des étrangers et de tout ce qui est perçu comme venant de
l’extérieur, conçu comme étant nécessairement un ennemi ou un danger. Cette attitude de
haine, de rejet, de peur de l’autre, des autres cultures ou idées venant d’ailleurs, n’implique
certes pas l’idée d’infériorité propre à l’idéologie raciste, mais ces concepts sont en pratique
souvent associés.
Que signifie « discriminer » ? Le terme discriminer vient du latin discriminis qui signifie « séparer ». Appliqué au monde social, la discrimination s’applique à des comportements qui marquent une différence, qui distinguent certains individus ou certains groupes d’individus par rapport à d’autres. Comme cela a été explicité auparavant, cette différenciation s’effectue sur la base de stéréotypes, stigmates ou préjugés. Aujourd’hui, lorsqu’on parle de discrimination, on sous-entend que cette différenciation a pour conséquences un traitement injuste, défavorable ou négatif de l’individu. A l’origine pourtant, le terme est relativement neutre et désigne toutes formes de séparation ou de distinction qu’elles soient jugées positives ou négatives.
On appelle discrimination : l’application d’un traitement à la fois différent et inégal à un groupe ou à une collectivité, en fonction d’un trait ou d’un ensemble de traits, réels ou imaginaires, socialement construits comme « marques négatives » ou « stigmates ». La discrimination repose donc sur des faits (traitements) qui ont des conséquences dans la réalité pour les individus ou le groupe d’individus discriminés. Par exemple, refuser d’embaucher une personne obèse à cause de son physique constitue une discrimination. Ce refus a pour conséquence directe d’empêcher la personne obèse d’accéder à ce travail.
La discrimination suppose donc un traitement spécifique appliqué au groupe ou à l’individu discriminé. Cela exclut a priori les théories, idéologies, et autres formes de pensée du champ de la discrimination. Le racisme (soit la théorie selon laquelle il existe différentes races d’individus et que ces races peuvent être classées sur une échelle de valeurs) même s’il entraîne bien souvent des discriminations (par exemple discrimination à l’embauche pour des minorités ethniques) ne peut être qualifiée de discrimination. Il faut qu’il se transcrive dans le fait, qu’il s’incarne dans un traitement, pour donner lieu à une discrimination. Exemple : l’utilisation du critère de l’origine ethnique pour sélectionner des candidats à un concours constitue une discrimination, alors que le fait de prétendre, écrire ou publier que les individus de telle origine ethnique doivent se voir refuser l’accès à une fonction n’en est pas une (c’est du racisme).
Ainsi, et aussi étrange que cela puisse paraître, à l’origine des discriminations, il y a le postulat d’une égalité entre les individus au sein de la société et d’une reconnaissance mutuelle d’individu à individu. On peut ainsi noter que le concept de discrimination tel qu’il est usité aujourd’hui (dans sa forme négative) apparaît dans les années 50, à peu près au même moment où est adopté la « Déclaration universelle des droits de l’homme » (48).
Par ailleurs, la discrimination suppose :
La discrimination c’est donc la différence entre une égalité formelle (celle que nous offre les droits de l’homme) et une inégalité réelle vécue dans le contact avec autrui – institution ou personne – et dans la négation du semblable (déni de reconnaissance).
Aujourd’hui, la société est confrontée à tout un ensemble d’individus et de groupes d’individus qui se voient discriminés au sens de se voir appliquer des traitements particuliers. Cette discrimination a pour conséquences des possibilités différenciées d’accès au travail, à l’éducation, à la santé, à l’épanouissement, etc. L’analyse de ces discriminations sur le plan sociologique est le produit d’un tiraillement entre objectivité d’une mesure (abstraite et mathématique), d’une règle ou d’une loi et la subjectivité d’un sentiment d’injustice.
Le terme de « stéréotype » renvoie le plus généralement à l’idée d’une « image toute faite à l’égard d’autrui ». Ce sont des représentations que tout un chacun porte sur des individus ou des groupes d’individus. Par exemple, les italiens sont souvent représentés comme étant des personnes faisant de grands gestes lorsqu’elles s’expriment. On dit même qu’ils « parlent avec leurs mains ». Quand on évoque les russes, c’est l’image de personnes portant des chapeaux de fourrure munis de parties rabattables pour protéger les oreilles du froid – les chapkas – et buvant de la vodka qui vient à l’esprit. Puis si l’on prend un exemple courant dans le monde professionnel : il est dit que les hommes sont ambitieux et à la recherche de pouvoir, tandis que les femmes sont perçues comme soucieuses de la vie de famille et peu disponibles. Globalement, les stéréotypes reposent sur une généralisation abusive, rigide et erronée de la réalité. Néanmoins, ce sont des représentations que nous avons tous. Elles nous permettent non seulement de nous représenter le monde ; mais ce sont également des outils qui servent aux acteurs pour orienter leur comportement. En effet, si l’on prend l’exemple de la façon dont chacun se comporte face à des hommes en uniforme, on comprend que l’on agit sur la base d’une typologie composée par nos représentations.
Si nous sommes donc tous en quelque sorte « pris » dans les stéréotypes, ces derniers ne sont pas forcément les mêmes pour tout le monde. En fait, nous ne percevons pas tous autrui de la même manière et cela dépend des images ou représentations que les individus intériorisent tout au long de leur vie. D’abord, les premières représentations qu’un individu va développer à propos du monde qui l’entoure dépendent de l’entourage familial. Par exemple, si la division sexuée des tâches est particulièrement marquée au sein de son foyer de vie, il y a de fortes probabilités pour que l’enfant intègre cette distribution des rôles comme étant « normale » : il pensera alors que c’est à maman de faire la vaisselle et à papa de réparer l’étagère à laquelle manque une vis. Ensuite, certaines de ces représentations peuvent également être véhiculées par l’école ou les médias. Par exemple, en 2015, une étude du Centre Hubertine Auclert s’est intéressée à vingt-deux manuels de CP édités entre 2008 et 2015[1]. Les chercheurs ont alors observé que les personnages pratiquant une activité sportive sont surtout des hommes (67% contre 33% de femmes) ; que ceux faisant la cuisine et le ménage sont très majoritairement des femmes (70% contre 30% d’hommes) ; et que ceux ayant un métier scientifique sont des hommes pour la quasi-totalité (97% contre 3% de femmes). Enfin, plus généralement, il ne faut pas négliger l’influence des groupes de pairs dans l’adoption de telle ou telle image d’autrui. En effet, un individu cherchant à se rapprocher d’un groupe particulier aura tendance à adopter ses « manières de voir ». C’est notamment ce que l’on peut observer dans la formation des idées politiques. Le film This is England est un très bon exemple à cet égard : il nous montre le parcours du jeune Shaun, souffre-douleur de sa classe qui va se lier d’amitié avec des skinheads[2]. En somme, il faut donc retenir que la formation des représentations du monde qui nous entoure et plus généralement les représentations d’autrui, sont le fruit d’un apprentissage qui se déroule au cours de la vie des individus.
En outre, ces représentations portent toujours sur les attributs relatifs à des personnes ou des groupes d’individus. D’abord, ces attributs peuvent être physiques ou moraux.
Par exemple, on parlera d’attributs physiques pour la couleur de peau ou concernant un handicap moteur parce qu’ils engagent la corporéité des individus ; et on parlera d’attributs moraux dans le cas des personnes gays ou ayant purgé une peine de prison car ils se rapportent à des principes de conduites considérés comme relevant du bien ou du mal selon une époque et une société données.
Ensuite, il faut remarquer que les différents attributs dont sont porteurs les individus peuvent également être visibles ou invisibles. Ainsi, on parlera d’attributs visibles concernant la couleur de peau ou un handicap moteur ; et on parlera d’attributs invisibles au sujet d’une maladie sans signes extérieurs apparents comme par exemple un cancer avant sa prise en charge médicamenteuse, ou concernant une condamnation en justice – que ce soit à une simple amende ou à une peine de prison.
Par ailleurs, qu’ils soient physiques ou moraux et visibles ou invisibles, ces attributs peuvent venir influencer les attentes adressées à l’individu qui en est porteur. On parle alors d’un « stigmate » à partir duquel les individus peuvent être déclassés (comme par exemple dans le cas du refus d’un prêt pour cause de cancer) ou surclassés (comme par exemple dans le fait d’être choisi pour un emploi en raison de sa couleur de peau ou de son sexe et non en fonction de ses compétences).
Erving Goffman (1975) nous raconte une anecdote intéressante à ce sujet. Un jour dans un restaurant d’Oslo, un homme infirme est descendu de son fauteuil roulant pour monter un escalier. Quand il commença à escalader, les garçons se précipitèrent à sa rencontre… Ce n’était pas pour l’aider mais « pour lui dire qu’ils ne pouvaient pas servir un homme comme lui, parce que les gens venaient dans ce restaurant pour se divertir et non pour se sentir déprimés à la vue d’un infirme »[3].
Plus globalement, cela renvoie à la façon dont tel ou tel attribut est apprécié par les individus ou les groupes sociaux en présence dans une situation particulière. Par exemple, un individu à la peau blanche se trouvant au milieu d’un marché à Dakar est rapidement perçu comme un touriste ayant de l’argent à dépenser – et ceci, même si la personne en question est expatriée et habite dans le pays depuis de nombreuses années. Un tel cas de figure permet tout d’abord d’insister sur le fait que les stéréotypes renvoient à une caractéristique fondamentale de l’activité humaine qu’est la classification. En fait, quand il perçoit le monde qui l’entoure, tout individu procède à un regroupement des êtres en fonction de leurs attributs mais aussi selon des catégories fondées sur des ressemblances et des différences. Aujourd’hui au Sénégal, « le blanc » est bien souvent un touriste et c’est en ce sens que notre expatrié traversant le marché sera assimilé comme tel. Ensuite, cet exemple permet également de préciser qu’un stigmate est nécessairement relationnel. Non seulement, il se fonde sur des représentations ayant été intériorisées par les individus (à Dakar, le blanc est un touriste) mais aussi et surtout, il prend un sens particulier en relation avec une situation. Si l’homme à la peau blanche est perçu comme étant un individu ayant de l’argent à dépenser, ce n’est pas uniquement en raison de sa couleur de peau. C’est également en raison de sa présence dans un marché – lieu de vente par excellence – qu’un ou plusieurs vendeurs vont s’adresser à lui avec insistance. Ainsi, on comprend que les attributs des individus et les situations dans lesquelles ils sont engagés ont une influence sur le comportement d’autrui. On a alors affaire à des préjugés.
Les préjugés diffèrent des stéréotypes dans la mesure où ils ne relèvent pas uniquement des représentations à travers lesquelles nous nous représentons le monde environnant. Il s’agit plutôt des attitudes qui en sont tributaires. Ainsi, les préjugés renvoient à la transformation du comportement des individus et interviennent « en situation ». Ils ont donc des effets sur les relations sociales et ce qu’elles produisent. D’une part, ces effets peuvent être négatifs et c’est en ce sens qu’il convient de lutter contre les stéréotypes et les préjugés. En effet, une représentation erronée de tel ou tel groupe social peut donner lieu à de la défiance et être à l’origine de tensions sociales. C’est par exemple le cas de controverses liées à l’annonce de la création de centre d’accueil pour les migrants. Mais les préjugés peuvent également légitimer des situations de domination. On peut l’observer en analysant la mise en place de politiques racistes qui trouvent les conditions de leur existence dans la présomption d’un danger encouru par certains, face au développement d’une autre population. D’autre part, ce versant négatif possède aussi son corollaire positif. Il ne faut pas négliger le fait que les stéréotypes peuvent aussi avoir des fonctions constructives. En effet, ils interviennent dans le maintien de la cohésion interne des groupes sociaux et dans la consolidation de l’identité des individus qui y appartiennent. A cet égard, on peut notamment penser aux communautés qui réaffirment certains stéréotypes pour défendre leurs particularités et éviter leur disparition. Par exemple, durant une manifestation qui s’est déroulée à Melbourne le 19 mars 2015, contre la fermeture des villages aborigènes de l’ouest de l’Australie, on pouvait voir des pancartes sur lesquelles était écrit : « Nous cultivons notre terre, mais d’une manière différente de l’homme blanc. Nous nous efforçons de vivre avec la terre, tandis qu’il s’évertue à vivre d’elle. »[4]
Les stéréotypes et préjugés ont donc un caractère ambivalent qu’il est nécessaire de garder à l’esprit afin de lutter au mieux contre toutes les formes de discrimination. Mais encore faut-il savoir ce qu’est et en quoi consiste la discrimination.