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On entend par « fracture numérique » le fossé entre les individus ayant accès aux technologies de l’information et de la communication, et ceux n’y ayant pas accès, les marginaux. Ceci sous-entend qu’il existe des personnes bénéficiant largement de certains services privés ou publics via le numérique, tandis que d’autres se sentent privés de l’un de leurs droits les plus basiques. D’où la légitimité de la question d’interroger les répercussions de ces disparités sur l’exclusion et la marginalisation des individus.
Mots-clés : Inégalité, Stigmatisation, Société de l’information, Exclusion.

Que cela soit une question de culture, d’appartenance sociale, d’âge, de niveau d’instruction ou encore de revenu, la fracture numérique reste bel et bien une réalité interpellante. Le défi sera donc d’étudier ses conséquences sociales afin d’alerter l’opinion publique.
En effet, la dépendance au numérique pose problème ; aujourd’hui tout se passe par le numérique notamment les factures d’eau et d’électricité, les opérations bancaires, la déclaration des revenus en ligne, la localisation géographique, les allocations sociales, les assurances santé, la vérification des horaires du transport en commun, etc. Cette dépendance demeure au cœur d’une stratification sociale wébérienne ; Une analogie entre la hiérarchisation des groupes sociaux fondée sur un certain prestige, et le prestige d’accès au numérique a donc tout le mérite d’être mise en avant.
Et bien que, parfois dans des villes où le numérique est en pleine expansion, le fossé numérique est difficilement identifiable voire complètement imperceptible dans le terrain, il suffit de zoomer sur la situation des immigrés pour mesurer la profondeur de ce fossé.
« Je n’ai pas les compétences suffisantes pour accéder aux services du web, que je trouve, indispensables à mon insertion professionnelle. Je n’arrive pas, non plus, à me renseigner sur des choses importantes dans ma vie quotidienne. Parfois j’arrive à capter le réseau wifi d’un café, mais bon. Je ne dis pas que c’est la faute de la société française mais plutôt le manque des moyens qui me joue un mauvais tour ». Avec ce témoignage tout court et lucide, Abdel a bien exprimé son vécu entant qu’immigré souffrant d’une certaine exclusion sociale à cause du non-accès à Internet. Il convient de souligner que, non seulement le manque des ressources financières qui est la cause principale de ces disparités, mais également le faible niveau d’études. Ces deux facteurs conjugués font obstacle à toute chance d’égalité d’accès aux technologies d’information et de communication.
La question qui se pose avec acuité est la suivante : Dans quelles mesures la fracture numérique fabrique de la marginalité et de l’exclusion sociale ?
Un citoyen est, par définition, tout individu jouissant des droits civils et politiques. Toutefois, certaines personnes ignorent la plupart de leurs droits notamment le droit d’accès à l’information, et ce par la faute du fossé numérique. Dès lors, un écart frappant se creuse, de plus en plus, entre groupes sociaux. Bien évidemment, cette méconnaissance de droit implique la non-intégration de l’individu au sein de la société et implique, par ailleurs, la non-possibilité de bénéficier, de gérer et d’organiser sa vie au quotidien ; L’exemple de la Caisse d’Allocations Familiales CAF illustre parfaitement cela. Comme toutes les opérations sont faites sur la plateforme de la CAF en ligne, une personne n’ayant pas accès au numérique, ou du moins, n’étant pas formée à l’utilisation de cette plateforme, ne saura jamais une existence d’une aide au logement par exemple. Et là nous sommes pleinement dans la marginalité.

Le challenge reste, par conséquent, de définir des sociétés de l’information équitables et inclusives, susceptibles de servir toutes les catégories sociales.

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Habiba El Mazouni
Habiba El Mazouni
Future journaliste politique, Habiba El Mazouni a eu sa licence en Sciences de l'information; une convergence des deux champs disciplinaires que sont la science de l'information et la documentation. Un an plus tard, elle réussit sa première année Master en Sciences Politiques et Relations internationales, tout en ayant un intérêt particulier à l'analyse des politiques publiques. Ses préoccupations principales s'entourent autour des jeux de pouvoirs sous-jacents aux politiques publiques, du traitement médiatique des minorités visibles notamment les immigrés, les habitants des banlieues, les gens ayant des métiers dévalorisés socialement etc. En sus de cela, Habiba est active dans le milieu associatif essentiellement dans les assocs favorisant le débat et l'éloquence. Elle est une personne passionnée de chant classique arabe.

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